Montpellier (34)(F) 15/03/03 Karnaval des Sons



Karnaval des flops,
Montpellier in the mouve against


Et bien nous voilà encore une fois réunis sur notre éternel place du Peyrou, sorte de « Bastille montpelliéraine », qui a vu se succéder plus d'un manifestant à ce jour.

Selon l'info qui circule, rendez vous 13 h pour un karnaval des affamés, puis 15 h, pour un karnaval des sons à l'image de son homonyme marseillais? teintés d'une probable manif anti-bush cartel.

13 h, l'heure est à la manifestation, que dis-je, à la révolution !!! Mais voilà? ou est le collectif chargé de l'organisation !?! Ce charmant collectif promettant monts et merveilles ? Ah, j'oubliais, des anarchistes, des free parteux qui savent réduire les risques, des fumeurs de joints sortis tout droit d'un c.i.r.c., et des fonctionnaires associatifs, n'ont pas forcément les mêmes conceptions d'un rendez-vous militant.

Bref, si quelqu'un est au rendez vous, c'est bien la pluie !!

Les spiriteks, premiers arrivés sur les lieux, tentent tant bien que mal d'effectuer les derniers montages d'un char aux allures de baroudeurs hard core : mur de son, groupe électrogène sur le toit, racks, platines & co,? le tout recouvert d'une oppressante toile de parachute usée par des années de labeur (et de morsure de chien) : la free party romantique dans toute sa splendeur !
Suivis quelques temps après par le char des pass'teks (accompagnés par une assos du nord, les za'teks), recouvert cette fois-ci de roseaux et d'une toile de camouflage kaki.
On se présente, on papotte, ? si quelqu'un est à l'heure ici, ce sont bien nos cousins teufeurs !!!

15 h : Mais où sont nos fans ?
Le Pérou, place qui suscite intérêt lors des beaux jours, paraît aujourd'hui bien triste avec ses deux camions sortis de Mad max et cette quarantaine d'énergumène emmitouflé dans des grosses vestes.
Petit à petit on commence a voir du monde : surprise !! Les premiers affluant ont plus l'air d'être parents, professeurs, et militants C.G.T. que de fêtard dans l'âme ! On retrouve cependant parmi eux deux ou trois timides têtes désinvoltes qui ne savent pas trop si elles se sont passées les bonnes infos. Pancartes, drapeaux syndicaux commencent à s'élever. Une manifestation est bien en place, mais les parapluies empêchent la lecture des banderoles, personne ne sait vraiment ou on est, ni pourquoi.

15 h30 : c'est le départ. Seulement voila, nos amis R.G. ont condamné la sortie des véhicules de la Place. Bon, que font-on ? Ah Ah ! ils n'ont pas compté sur la détermination de nos amis kakis, et surtout sur leurs camions qui se faufilent de justesse, au millimètre près, pour se retrouver en tête de manif.
Résultat, ça boude du côté des syndicats. Car la petite sono prévue pour l'éloquence du meneur de troupe a vite fait d'être recouverte par un gentil son jungle break souple drum'n'bouze. Dommage pour eux !!
La manif commence dès lors à se dessiner : d'un côté les militants P.S., C.G.T., ect? qui ne comprennent pas la jeunesse actuelle qui préfère suivre une musique assourdissante comme des moutons ; et de l'autre, une colonie de teufeur déjà gavée d'alcool et de joints, peu enclin a faire comprendre le message musical délivré par les sounds systems.

16 h : tout ce beau petit monde se met en marche dans la joie et les bons petits slogans qui font fureur. Le bal est ouvert par les pass'teks qui nous balancent un son penchant hard tek mais croisé avec des classiques plus ou moins connu de la free, et de la variété française (Renaud, les cités d'or,?). Ils sont accompagnés d'un toaster qui nous rappelle le pourquoi de notre venue, et fait passer le mot d'ordre. Seulement, on l'entend très mal, et on sait toujours pas si on est la pour un karnaval dénonçant les violences policières, ou pour une manif anti bush.
Ils sont suivis (env 50 m.) par les spiriteks, qui après des soucis techniques nous sortent un son radical, hardcore, grésillant, bien à l'image des teufs sauvages.
Derrière eux, un nouveau sound system arrivé in extremis, nous pose un son penchant hard core, mais qui ne s'adresse qu'au dizaine de personnes placées devant les enceintes (ouverture des portes à l'arrière oblige).
Vient ensuite le tour des anarchistes (bien rangés derrière leur banderole) qui s'égosillent pour rien derrière le son précédent.
Enfin, vient le tour des gens honnêtes (200 m. plus loin) qui nous exclament le pourquoi de leur venu : « Bush salop, le peuple aura ta peau !! »
Bref, la manif avance morceau par morceau, sur un trajet classique connu de tous les montpelliérains : Pérou-gare, gare-place de la comédie, place de la comédie-pérou.

16 h 30 : la tête de la manif arrive a peine à la gare, que l'on voit déjà la moitié de la manif bifurquer, et prendre un raccourci direction place de la comédie sans passer par la gare. Nos amis syndicalistes n'assument pas l'éventualité d'un métissage entre teufeurs et petites vieilles.
On découvre alors, qu'effectivement il y avait bien un karnaval des sons à Montpellier ; qu'il grossit petit à petit en s'approchant de la place de la comédie, allant jusqu'à atteindre les 400 personnes environ.

17 h 00 : petite halte sur la place centrale de la ville, où le convoi est rejoint par un nouveau camion, qui cette fois propose un mélange bien apprivoisé de tek, hard tek, break core et dark jungle ; sur un mur de son plutôt impressionnant par rapport au autres chars. Confétis, fumée, happy dance floor pour ne pas effrayer les passants, buveurs de café agglutinés au terrasse, surpris par cette étrange spectacle. de ci de là on observe avec stupeur une super mamie ou un touriste ou deux s'abandonner timidement aux rythmes « boom boom » qui envahissent la place.

17 h30 : rapide retour sans encombre vers le Peyrou via le poumon de la ville, l'axe le plus fréquenté par les shopinophiles. Parmi toutes la foule de teufeurs on croise des têtes vaguement familières, croisées quelque heure auparavant, étendard plié et posé soigneusement sur les épaules de retour au foyer sans doute.
18 h 00 : Tout ce beau monde terminera sa course au point de départ de la manif (Peyrou) sur un semblant de teuf urbaine avec l'habituel squattage, sous le regard des chiens circulant en toute liberté (ce qui nous a valu de belles batailles canines). Le mouvement s'éteindra de lui même vers 20 h, par des gens lassés d'un temps froid, grisâtre, d'un bourdonnement d'oreille et d'un sound system bleu et blanc, présent depuis le début, toujours à sa place (fin de file). Juste le temps d'échanger les infolines de la soirée, et la petite T.A.Z. (zone autonome temporaire) s'effondre d'elle même pour aller se reformer plus loin, entre Béziers et Sète, le temps d'un samedi soir, (et d'une saisie de matériel?).

Remercions quand même les quatre sounds systems présents, qui se sont défoncés corps et âmes pour un karnaval qui aurait pu, si la foule avait suivi, si l'organisation prise au sérieux, si le temps clément, être une expérience dont Montpellier se serait souvenu jusqu'à l'année prochaine ? au moins.
Je tiendrai aussi a souligner que comme d'habitude les irréductibles sont les kakis, et que le sale temps ne leur fait pas peur, contrairement à certains, bravo !
Et pour une fois, l'accoutrement du kaki classique, aura eu deux utilités pour son porteur : se protéger d'un sale temps, et participer déguisé au karnaval !!!

Fuckkkkk the bushering Kartel !!!

Anka sonjé